Les organismes de bienfaisance et les organismes sans but lucratif représentent l’un des plus importants secteurs économiques du Canada et emploient plus de 2,5 millions de personnes hautement qualifiées, soit l’équivalent de 14 % des personnes employées au Canada1. L’apport du secteur des organismes de bienfaisance représente 8,3 % du produit intérieur brut du Canada, ce qui dépasse les contributions des secteurs de la construction, des transports et de l’agriculture.
Depuis le début de la pandémie, les organismes de bienfaisance et sans but lucratif qui fournissent des services sociaux et communautaires se sont mobilisés pour servir les habitants des différentes communautés alors que les inégalités se creusent. Ce secteur est composé d’une main-d’œuvre dévouée à majorité féminine de 591 000 personnes en première ligne pour soutenir la santé mentale et physique, la sécurité alimentaire, la stabilité du logement et la préparation à l’emploi. Ces personnes offrent des services de santé essentiels en réponse à des problèmes de santé mentale et d’usage de substances, ainsi des services de garde de qualité, aident les personnes nouvellement arrivées à s’établir au Canada et prennent soin de nos aînés. Elles ont continué d’être dévouées, souples et prêtes à en faire plus pour répondre aux besoins des communautés malgré des défis apparemment sans fin. Toutefois, la demande sans précédent et croissante à l’égard de notre économie des soins pendant cette crise prolongée a eu des répercussions négatives sur la santé mentale des personnes qui interviennent en première ligne. Le moment est maintenant venu de prendre soin de nos aidants.
Alors que le gouvernement cherche à faire progresser son programme de rétablissement, il sera essentiel de créer un Transfert canadien permanent pour la santé mentale et l’usage de substances (le Transfert) dont 50 % du financement sera réservé à des services communautaires de santé mentale et de santé liée à l’usage de substances afin de soutenir les personnes en situation de vulnérabilité et d’intégrer des soins financés par l’État et gratuits pour quiconque en a besoin. L’investissement au titre de la santé mentale et du bien-être des personnes qui fournissent des services dans le budget de 2023 constitue un élément essentiel d’un ensemble d’investissements visant à soutenir les groupes touchés de façon disproportionnée par la pandémie. Cet investissement permettra de stabiliser un effectif aux prises avec des niveaux accrus de stress et d’anxiété tout en étant essentiel à la prestation de services de santé mentale de grande qualité. Nous proposons que le gouvernement fédéral investisse dans les « Soins aux aidants » dans le budget de 2023 et réponde ainsi en partie à son engagement de créer le tout premier transfert permanent et continu en matière de santé mentale au Canada.
Partout au pays, les gens et les gouvernements se tournent vers des organismes communautaires de confiance pour leur offrir des services d’adaptation, de connexion et de rétablissement. Aujourd’hui, la forte demande de services et la complexité des besoins exacerbés par la pandémie persistent alors que les organismes sont aux prises avec un sous-financement, une hausse des coûts et une pénurie de main-d’œuvre. Dans l’ensemble du secteur, les organismes de bienfaisance signalent des niveaux croissants d’absentéisme, d’épuisement professionnel et de problèmes de santé mentale. Le personnel de première ligne qui fournit des services communautaires demande des congés en santé mentale ou démissionne, et bon nombre des membres de ce personnel quittent entièrement le secteur pour occuper des postes mieux rémunérés dans d’autres secteurs. Cela a entraîné une pression supplémentaire sur la main-d’œuvre, puis sur la capacité organisationnelle d’exécuter les programmes et sur la capacité des gouvernements d’aider à créer une société et une économie résilientes et inclusives.
Il est nécessaire d’investir dans la santé mentale et le bien-être de la main-d’œuvre de l’économie canadienne des soins pour que le secteur puisse continuer de répondre aux besoins individuels complexes et aux problèmes sociaux comme la pauvreté, le racisme et l’inégalité entre les sexes. C’est aussi un investissement essentiel dans la résilience du secteur. Nous proposons que le gouvernement du Canada mette en œuvre l’initiative. « Prendre soin des aidants, investir dans la santé mentale du personnel des services communautaires de première ligne » dans le budget de 2023, dans le cadre de l’engagement de créer un Transfert canadien en matière de santé mentale.
Le programme Prendre soin des aidants est un ensemble de mesures de soutien en santé mentale fondées sur des données probantes de 100 millions de dollars sur deux ans pour le personnel de première ligne des services communautaires. Grâce à cet investissement, le gouvernement du Canada appuiera cette main-d’œuvre dévouée au sein de l’économie canadienne des soins, garantira l’obtention de meilleurs résultats pour la clientèle des services et stabilisera les organismes qui emploient cette main-d’œuvre. Cet investissement comprend trois interventions clés dont les coûts ont été calculés :
Ces interventions feront progresser les objectifs du Transfert en veillant à ce que cette main-d’œuvre essentielle soit soutenue pour renforcer sa propre santé mentale afin qu’elle puisse contribuer à une reprise collective et aider les gens à se remettre du stress et des difficultés causés par la pandémie. Prendre soin des aidants est un investissement essentiel dans le rôle du secteur des services communautaires et à la personne dont le but est d’aider à créer des communautés plus équitables, inclusives et résilientes. À ce jour, cette proposition est appuyée par 16 organisations nationales et locales de premier plan dont la liste figure à la page 10.