En tant que plus grand organisme québécois de soutien aux jeunes en situation d’itinérance et d’autres vulnérabilités, l’organisme montréalais Dans la rue s’est soudainement retrouvé à l’épicentre de l’intervention de première ligne lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé en 2020.
« Le visage de l’itinérance chez les jeunes a rapidement changé », explique Anne Lauzon, chargée de projet en prévention de l’itinérance chez les jeunes à Dans la rue. « Nous avons commencé à observer un plus grand nombre de jeunes sans-abri, des changements dans les types de substances consommées par les jeunes et une augmentation des problèmes de santé mentale. »
Ces problèmes n’ont pas diminué après la pandémie. En fait, chaque année depuis 2020, Dans la rue sert 300 nouveaux jeunes, pour un total d’environ 1 000 par an.
Reconnaissant la nécessité urgente d’investir dans des stratégies de prévention, l’équipe de Dans la rue a réussi à obtenir un soutien financier du Fonds de relance des services communautaires (FRSC) par l’entremise de son partenaire de longue date, Centraide du Grand Montréal.
La prévention étant auparavant reléguée au second plan au profit de l’intervention de crise, ce financement a permis à Dans la rue d’embaucher Anne Lauzon, dont le rôle est entièrement consacré à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une stratégie de prévention de l’itinérance chez les jeunes.
Au cours de la dernière année, Anne a mené de vastes consultations auprès de jeunes, d’intervenantes et intervenants de première ligne, de travailleuses et travailleurs sociaux et de partenaires, tant au Québec qu’ailleurs au pays, afin de connaître les approches de prévention efficaces et les lacunes sur le plan des services.
Ces consultations lui ont permis d’identifier deux domaines clés : renforcer la transition vers l’indépendance des jeunes qui sortent du système de protection de l’enfance à l’âge de 18 ans et collaborer avec les écoles pour détecter les signes précurseurs de l’itinérance.
« Nous avons constaté que plus de la moitié des jeunes fréquentant Dans la rue avaient récemment quitté le système de protection de l’enfance, explique Anne. Ce constat indique qu’il est urgent de fournir une gamme de services de soutien au cours de cette période cruciale de transition, notamment en matière de logement, d’emploi, d’éducation, de santé mentale, entre autres. »
Sous sa direction, Dans la rue a pu travailler à la mise en œuvre complète de son modèle de continuum de prévention. En mettant l’accent sur les partenariats communautaires avec les écoles et d’autres organismes locaux, le modèle modifie les pratiques cliniques de l’organisme pour prioriser l’identification des jeunes à risque et les aider à obtenir les mesures d’aide et les services dont ils ont besoin avant de sombrer dans l’itinérance.
« Notre objectif ultime est de réduire le nombre de jeunes en situation d’itinérance qui viennent chercher de l’aide à Dans la rue, résume Anne. Le FRSC nous a permis de mettre en place une stratégie solide pour atteindre cet objectif. »